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Nyctophilia | Ad Mortem Et Tenebrae (2018)



















Des Nyctophilia, on en dénombre au moins quatre (d'après le précieux Metal Archives), qui tous macèrent dans le jus du black dépressif.

Celui qui nous intéresse présentement est polonais et réunit tous les invariants propres au genre, aussi bien dans la forme que dans le fond, projet misanthropique et solitaire qui aime les pochettes en noir et blanc et crache avec une frénésie diarrhéique sa semence haineuse et désespérée. Bref, comme aimaient le faire avec gourmandise ses aînés Malefic (Xasthur) ou Sin Nanna (Striborg), Grief ne cesse de ruminer son mal-être à grand coups de splits, EP et hosties longue durée. "Ad Mortem Et Tenebrae" est son quatrième album en quatre ans. Il n'y a là rien, absolument rien d'original non plus, mais ce n'est pas le propos.

Du logo imaginé par l'indispensable Christophe Szpajdel à ce titre qui sent la mort en passant par ce visuel qui pourrait être celui d'une production No Colours Records des années 90/2000, notre adepte de l'isolement musical ne sort jamais des sentiers (re)battus. Et avant même d'avoir glissé l'offrande dans la fente ténébreuse de la platine, l'arôme funéraire d'un art noir aussi répétitif que lancinant s'en dégage déjà. Dont acte.  Ces cinq plaintes, dont certaines voisinent avec les dix minutes au garrot, tracent dans une terre froide figée par l'hiver les sillons suicidaires d'un black metal macabre. Le maître des lieux crache sa bile comme une bête hurlant dans la nuit tandis que, sinistre à souhait, la guitare lacère la peau à la manière d'un scalpel rouillé.  Pourtant, contre toute attente, la magie (noire) opère. Encore. Et on finit, transi, par être ensorcelé par ces morbides Golgotha avant d'être pétrifié par le poison inoculé par un musicien qui a la bonne idée de ne pas céder aux sirènes du shoegaze (hormis peut-être durant les premières mesures de l'inaugural 'Untill Death...'). Là réside la grande force de Nyctophilia, dans cette soumission au genre dont il offre une lecture d'une pureté admirable. Glacials et pollués, 'With Hate Freezing My Veins' ou 'Through Fullmoon Forest' sont de longues pièces dont la lenteur ne leur interdit pas de démoniaques saillies, entraînant le pèlerin dans les profondeurs d'un bois transylvanien.  Charbonneux et ne gommant jamais ses attributs les plus black, "Ad Mortem Et Tenebrae" est donc une pure offrande de metal noir dépressif enrobée de cette dureté sinistre typiquement polonaise. (29/12/2018 | Music Waves)

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