En quelques mots : Comme il l'a fait ou le fera avec d'autres genres, le western notamment (Le reptile), Joseph L. Mankiewicz aborde avec L'affaire Cicéron le registre de l'espionnage non sans se départir de son intelligence et de sa finesse habituelles. Ni film survolté ni récit à la Hitchcock, il s'agit en fait d'un véritable tour de force en ce sens où le réalisateur parvient à tenir en haleine le spectateur avec une absence quasi totale d'action à laquelle il préfère les intrigues et un suspense qui va crescendo. C'est une oeuvre d'espionnage de salon, circonscrite à quelques intérieurs, ambassades ou appartements. Sous ce verni riche en tension se cache un second aspect plus intéressant encore, celui du rapport de classes qui lie les personnages et en particulier Diello qui compte sur son activité d'espion pour s'élever et être (au moins) l'égale de ses anciens maîtres. Si la mise en scène de Mankiewicz, dont la maîtrise est totale, est comme toujours impeccable, discrète et sans effets appuyés, le film doit beaucoup de sa réussite à ses interprètes. James Mason, parfait dans un rôle torturé, auquel il confère une sorte d'ombrageuse suavité, et Danielle Darrieux, espiègle mais manipulatrice, sont dignes d'éloges dans des rôles dont on imagine mal qui d'autres qu'eux auraient pu les interpréter... Un chef-d'oeuvre ? Et pourquoi pas !
Chez Francomac
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